26 novembre 2008

Rien d'autre, rien de plus

La salle avait un éclat souillé et froid, les garçons circulaient trop vite, d'un air un peu brutal, indifférent, les glaces reflétaient durement des visages fripés et des yeux clignotants.
Mais ils ne demandaient rien de plus, c'était cela, ils le savaient, il ne fallait rien attendre, rien demander, c'était ainsi, il n'y avait rien de plus, c'était cela, "la vie".
Rien d'autre, rien de plus, ici ou là, ils le savaient maintenant.
Il ne fallait pas se révolter, rêver, attendre, faire des efforts, s'enfuir, il fallait juste choisir attentivement (le garçon attendait), serait-ce une grenadine ou un café? crème ou nature? en acceptant modestement de vivre – ici ou là – et de laisser passer le temps.


Nathalie Sarraute, Tropismes, chapitre XVI, les éditions de minuit, 2007, p.100

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